Franchement, si on m’avait dit y’a dix ans qu’un logiciel pourrait « peindre » un tableau ou composer une symphonie en quelques secondes… j’aurais levé les yeux au ciel. Aujourd’hui, c’est littéralement ce que fait une IA comme DALL·E, Midjourney ou MusicLM. Et forcément, ça soulève une question brûlante : est-ce que c’est encore de l’art ? Ou juste une imitation ? Et surtout, qu’est-ce qu’en pensent les vrais artistes – ceux en chair, en os, en galère créative parfois ?
Ce que l’IA fait (déjà) aujourd’hui
Juste pour poser les bases : une IA peut générer une image dans le style de Monet, une sculpture virtuelle façon Giacometti, ou même un morceau de techno bien dark à la manière de Burial. En gros, elle apprend en digérant des milliers (voire des millions) d’œuvres déjà existantes, puis elle combine tout ça pour produire quelque chose de « nouveau ».
Le résultat ? Parfois bluffant. Parfois creux. On a vu passer des visuels dignes de jaquettes d’album ou d’expos de fin d’année aux Beaux-Arts. D’autres fois, c’est juste un gloubiboulga esthétique. Mais techniquement, oui, l’IA peut déjà « produire » de l’art.
Mais est-ce encore de la création ?
C’est là que les avis divergent. Beaucoup d’artistes voient l’IA comme un outil, pas comme un auteur. Un pinceau numérique un peu surpuissant, en gros. C’est le cas de l’illustratrice Cécile Dormeau, par exemple, qui dit que « ce n’est pas parce que ça génère une image que ça raconte quelque chose ». Elle, elle s’en sert pour tester des idées de compositions… mais jamais pour signer une œuvre.
D’autres, en revanche, flippent un peu. J’ai parlé avec un ami photographe à Marseille, Maxime, qui a vu ses visuels être utilisés comme base dans des IA sans son consentement. « Je suis dans la base de données, mais pas dans la boucle », m’a-t-il dit. Il m’a montré une image générée par IA avec son style photo très identifiable. Flippant.
Les émotions, le vécu : l’IA peut pas simuler ça
Perso, c’est là que je mets la limite. Tu peux avoir une IA qui peint une scène de guerre, mais elle ne l’a jamais vécue. Elle n’a pas de mémoire, pas de manque, pas de deuil, rien. C’est un patchwork de pixels et d’algos. Est-ce que ça peut émouvoir ? Oui, parfois. Est-ce que ça a du sens profond ? Pas sûr.
Créer, c’est aussi se planter, douter, chercher. C’est sale, c’est humain. L’IA, elle, elle fait propre, vite et sans hésiter. Et ça se sent.
Et pourtant… certains artistes s’en emparent vraiment
Mais attention, faut pas jeter tout ça à la poubelle non plus. Il y a des artistes qui bossent AVEC l’IA, et pas contre elle. C’est même devenu un champ artistique à part entière. Le collectif Obvious, en France, par exemple, a vendu un portrait généré par IA chez Christie’s en 2018. 432 500 dollars. Oui, tu as bien lu.
Mais là où ça devient intéressant, c’est que ces artistes-là mettent en scène l’IA, l’utilisent comme matière première. Ils questionnent le processus, le détournent. Ils font pas juste « cliquer sur un bouton ».
Est-ce que l’IA va remplacer les artistes ?
Sincèrement ? Non. Elle va changer les choses, c’est certain. Mais remplacer ? Je n’y crois pas.
Déjà parce que l’art ne se résume pas à une image jolie ou à une suite de notes qui « sonne bien ». Il y a tout ce qui entoure la création : l’intention, le geste, le contexte, le pourquoi. L’IA ne ressent rien. Elle analyse. Elle devine. Mais elle ne vit pas.
Ensuite, parce qu’il y aura toujours des gens pour vouloir une œuvre faite à la main, imparfaite, habitée. Un peu comme on aime encore écouter du vinyle, même à l’ère du streaming HD.
Alors, c’est quoi l’avenir ?
Peut-être qu’on va devoir apprendre à cohabiter. Les artistes vont devoir défendre leur travail, leur vision, parfois leurs droits. Peut-être même qu’ils devront expliquer encore plus pourquoi leur art a une valeur.
Mais en même temps, l’IA peut aussi devenir un terrain de jeu incroyable. Pour repousser les limites, tester, déconstruire. Un peu comme la photographie l’a été en son temps face à la peinture.
Et toi, tu penses quoi de tout ça ?
Est-ce qu’un tableau généré par IA peut te toucher ? Te bouleverser ? Ou est-ce que ça reste froid, artificiel, sans âme ? Est-ce qu’on peut encore parler d’artiste quand c’est une machine qui crée ?
Je sais pas pour toi, mais moi, je reste partagé. Curieux, fasciné… mais aussi un peu inquiet.
Parce que derrière cette question – « l’art peut-il être généré par une IA ? » – il y a une autre question plus intime : qu’est-ce qui fait que quelque chose est vraiment humain ?